dimanche 15 novembre 2020

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Chevaux mutilés


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CHEVAUX MUTILÉS: APRÈS DES MOIS DE PSYCHOSE CHEZ LES ÉLEVEURS, LES ESPRITS COMMENCENT À S'APAISER


Depuis environ trois semaines, le nombre d'agressions de chevaux est en baisse. Si les éleveurs ont retrouvé un train de vie plus apaisé, leurs inquiétudes ne se sont pas totalement envolées.

Mystère de l'été, la vague de mutilations d'équidés a suscité l'émoi en France et tenu en haleine des centaines d'éleveurs. Durant de nombreux mois, ils ont appréhendé chaque nuit, chaque réveil. La peur de retrouver leurs animaux morts, avec une oreille coupée, un oeil énucléé, des lacérations au niveau des parties génitales s'est insinuée dans tous les haras de l'Hexagone.

Au total, plus de 400 mutilations ont été rapportées, entraînant l’ouverture de quelque 200 enquêtes dans plus de la moitié des départements français. Les gendarmes ont pu écarter 245 cas pour lesquels les causes des blessures ou de la mort se sont avérées naturelles ou accidentelles et plus de 80 dossiers restent à l’étude, selon les informations du Progrès. Après ces longs mois de psychose au cours desquels de nouvelles agressions ont été relatées presque quotidiennement, ces actes macabres semblent donc se tarir.


"On ne sait pas s’ils ont vraiment arrêté de s'en prendre à nos chevaux ou si ça s’est juste calmé parce qu'on en a énormément parlé. Ou peut-être qu’ils essaient simplement de nous endormir pour qu’on baisse notre garde…", se questionne Laure Hakim.

Car si le nombre de cas baisse, quelques cas sont toujours rapportés. Ce samedi matin, une jument en gestation a ainsi été retrouvée morte avec l'oreille gauche tranchée dans la commune de Sauvelade, dans les Pyrénées-Atlantiques.

Le Covid et le confinement, nouvelle source de stress

A ces interrogations s'ajoute un nouveau facteur d’angoisse: le reconfinement. Les récentes mesures imposant la fermeture des établissements recevant du public ainsi que la suspension des activités de sport et de loisirs, les centres équestres sont contraints de fermer boutique jusqu'au 1er décembre minimum. Aux attelages de Tro Coet, dans le Morbihan, l'inquiétude engendrée par les pertes financières à venir prend désormais le pas sur la peur des mutilations.



Des dizaines de mutilations de chevaux ont été recensés depuis le début de l'année 2020 dans plusieurs départements français et se sont intensifiés pendant l'été.  
Des chevaux du ranch de l\'Espoir, à Villefranche-Saint-Phal (Yonne), le 21 septembre 2020.

Chevaux mutilés : un collectif se crée pour faire avancer les enquêtes

Depuis le mois d'août, des faits de mutilation, principalement de chevaux, parfois mortels, ont été signalés un peu partout sur le territoire. Des dizaines d'enquêtes ont été ouvertes .


FAIT DIVERS – Depuis plusieurs mois dans toute la France, des équidés sont la cible d'agressions très violentes ayant parfois conduit à leur mort. Des enquêtes ont été ouvertes dans plusieurs départements mais le mystère reste entier et le portrait-robot d'un suspect a été diffusé.

Des mutilations qui se répètent, une inquiétude qui grandit, une psychose qui s'installe, des appels à témoins lancés et un ou plusieurs auteurs qui courent toujours. Depuis des mois, un phénomène macabre s'abat sur la France avec une fréquence de plus en plus régulière. Presque chaque semaine désormais, pour ne pas dire chaque jour, des équidés sont retrouvés mutilés dans les champs, paddocks ou dans les prés par les éleveurs, agriculteurs ou propriétaires d'animaux. 

Principale cible des tortionnaires : des juments, poneys ou chevaux. LCI fait le point sur cette série noire qui reste encore un mystère.

De premiers cas constatés en 2018

Si les agressions d'animaux ne sont pas nouvelles, elles étaient plutôt isolées jusqu'à il y a deux ans environ. Selon une note du Service central du renseignement territorial (SCRT) datée du 30 juin 2020, depuis le 1er décembre 2018, au moins onze cas de mutilations de chevaux ont été recensés sur cette période dans toute la France. 

Mais depuis le début de l'année 2020, les faits se sont  multipliés. Parmi eux, le 12 février, un cheval de 4 ans du lycée agricole de Château-Salins (Somme) est mort après avoir été violemment frappé à la tête et mutilé. Trois jours plus tard, c'est  le trotteur Démon du Médoc qui connaît le même sort, une oreille sectionnée, dans son paddock au centre d'entraînement du Girouard, près des Sables-d'Olonne (Vendée). Le cheval, qui présentait déjà beau sur son CV, était voué à devenir une star des hippodromes.




Le 14 mai au matin, à Berny-en-Santerre (Somme), Mélissa Véron a retrouvé sa jument de trois ans, sans vie, dans la pâture d'une écurie. Selon sa propriétaire, l'animal "avait une oreille en moins, très creusée à l'intérieur de la tête et une moitié de l'œil retirée". Mi-juin, c'est Alain Comalada, éleveur de chevaux de sport à Lammerville (Seine-Maritime) qui a découvert son poulain Jador your life, une entaille entre l'épaule et le poitrail. L'animal n'est pas mort, mais a eu 50 points de suture.

Recrudescence des mutilations cet été

La note SCRT du 30 juin est désormais caduque. Sur la période de cet été uniquement, c'est une dizaine de chevaux et poneys qui ont fait l'objet de mutilations dans différents départements français. Dans la nuit du 1er au 2 août, un poney alezan était retrouvé mort et mutilé en Essonne. Le 8 août, c'était une pouliche de 18 mois à Cluny (Saône-et-Loire): "une oreille coupée et un œil arraché, le cœur poignardé et le vagin enlevé" selon ses propriétaires pour qui l'animal a été attrapé au lasso.

Ces derniers jours, une jument a subi pareils sévices dans le Jura et un pur-sang a été égorgé dans les Côtes-d'Armor, tandis que des organes étaient prélevés sur un cheval déjà mort dans la Loire. Précédemment, le Puy-de-Dôme, la Moselle, la Vendée, l'Aisne ou la Seine-Maritime ont été touchés par cette macabre série. Des enquêtes sont ouvertes, confiées aux gendarmes locaux appuyés par l'Office central de lutte contre les atteintes à l'Environnement et à la Santé publique.

La liste continue, la semaine du 24 août, avec de nouveaux faits dans le Jura, les Deux-Sèvres et encore dans le Jura. A chaque fois, des mutilations au niveau des organes génitaux ou des oreilles sont retrouvées. Dernière agression en date, dans l'Yonne, où "Le ranch de l'espoir" a rapporté la venue, le 24 août au soir, de deux individus de sexe masculin (…) muni d'arme blanche, ont pénétré dans la propriété par les prés des chevaux, et ont  deux poneys (Pony, Biscotte)". L'association indique que le président de l'association a lui aussi été agressé, ayant eu le "bras entaillé après avoir tenté d'intervenir". Les agresseurs présumés ont  pris la fuite et les gendarmes ont été alertés selon l'association.

"Toutes les pistes sont envisagées"

Pour l'instant, les enquêteurs ne privilégient aucune piste. "Actes gratuits, rituels sataniques, défi, trafic d'organes, toutes les pistes sont envisagées et explorées. Nous avons dans certains cas un modus operandi très proches, avec des mutilations identiques comme l'oreille sectionnée dans plusieurs affaires, ou les yeux retirés. Parfois, il semble y avoir une maîtrise de l'instrument permettant la dissection mais pas dans tous les cas", précise à LCI une source. Une incertitude d'autant plus forte qu'"il n'y a pas de corbeau, pas de message, pas de revendication pour justifier ces actes barbares, c'est un dossier très étrange, qui pose beaucoup de questions", se désole une autre source.

Les enquêteurs français ont envoyé des demandes d'information à leurs collègues dans d'autres pays ayant été touchés par le passé par ce phénomène, comme l'Allemagne, la Belgique ou la Grande-Bretagne. Ils scrutent également de près les réseaux sociaux, le darkweb et autres canaux en ligne pour tenter d'identifier les auteurs et les éventuels commanditaires. Sans succès, pour l'instant, puisqu'aucun suspect n'a été interpellé ni aucun témoin entendu.



Appel à la vigilance et recherche de témoins

Face aux difficultés rencontrées par l'enquête, la Fédération nationale du cheval a demandé la plus grande vigilance à ses adhérents. "Nous avons demandé aux agriculteurs, détenteurs d’équidés d'être vigilants vis-à-vis de comportements inappropriés ou suspects, et d'aider les gendarmes dans les enquêtes qui ont été ouvertes dans différents départements. Les personnes qui ont des informations doivent absolument alerter les autorités", précise Marianne Dutoit à LCI.

Vigilance...  et discrétion. La responsable admet volontiers qu'elle préférerait ne pas voir ces affaires être détaillées et relayées sur les réseaux sociaux. "Comme pour de nombreux sujets, on a vraiment l'impression que plus les personnes en parlent sur les réseaux sociaux, plus les incidents se répètent. Il y a une forme de surenchère, de défi peut-être. Du coup, nous avons fait le choix d'informer nos adhérents, et de moins communiquer sur les différents cas publiquement. Car à chaque fois qu'il y a eu un cas dans un département, peu après, de nouvelles mutilations ont eu lieu dans un département limitrophe".

Le 26 août, une enquête a été ouverte après l'agression du président d'un refuge par des individus qui venaient de mutiler un de ses chevaux et deux poneys dans l'Yonne, a indiqué mercredi le parquet, tandis que ce type d'attaques se multiplient en France. Le portrait-robot d'un des deux agresseurs, âgés entre 40 et 50 ans, a été diffusé ce mercredi à la presse et "d'importants moyens de gendarmerie" ont été mobilisés, a indiqué à l'AFP le procureur de la République d'Auxerre, Hugues de Phily.

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